Storrs George 1796-1879
George Storrs, né le 13 décembre 1796, était
l’éditeur de la revue Bible Examiner (Le scrutateur de la
Bible), à Brooklyn, un district de New York. Il avait
été poussé à approfondir ce que la Bible
dit de la condition des morts en lisant un écrit publié
(anonymement à l’époque) par un homme qui
étudiait attentivement la Bible, à savoir Henry Grew, de
Philadelphie (Pennsylvanie). George Storrs est devenu un ardent
défenseur de ce qu’on a nommé
l’immortalité conditionnelle: l’enseignement selon
lequel l’âme est mortelle et l’immortalité un
don que recevront les chrétiens fidèles. Puisque les
méchants n’ont pas l’immortalité, disait-il,
il n’y a pas de tourments éternels. Cet homme a beaucoup
voyagé, donnant des discours dans lesquels il expliquait
qu’il n’y a pas d’immortalité pour les
méchants. Au nombre des œuvres qu’il a
publiées figurent les Six Sermons, qui ont été
diffusés à 200 000 exemplaires. Il ne fait
aucun doute que les idées de George Storrs — sur la
mortalité de l’âme ainsi que sur la propitiation et
le rétablissement (de ce qui a été perdu à
cause du péché d’Adam; Actes 3:21) —,
idées solidement fondées sur la Bible, ont eu une influence considérable et décisive sur le jeune Charles Russell
jv chap. 5 p. 45-46
Avant l’apparition de la radio et de la télévision,
un moyen courant de faire connaître son point de vue consistait
à écrire et à distribuer des tracts. C’est
ce que fit Grew en 1835 pour dénoncer le caractère non
biblique des enseignements de l’immortalité de
l’âme et de l’enfer de feu, doctrines qui, pour lui,
déshonoraient Dieu.
Son tract allait avoir une influence considérable. En 1837,
George Storrs, âgé de 40 ans, en trouva un exemplaire
dans un train. Né à Lebanon, dans le New Hampshire, il
habitait alors à Utica (État de New York).
Storrs était un pasteur très respecté de
l’Église méthodiste. À la lecture du tract,
il fut impressionné qu’on puisse contester avec une telle
force des enseignements de base de la chrétienté auxquels
il avait toujours cru. Il ne savait pas qui avait rédigé
ce tract, et ce ne fut que des années plus tard, pas
avant 1844, qu’il rencontra Henry Grew, alors que tous deux
vivaient à Philadelphie, en Pennsylvanie. Cependant, Storrs
étudia la question par lui-même pendant trois ans,
n’en parlant qu’avec d’autres pasteurs.
Finalement, comme personne n’arrivait à réfuter les
choses qu’il apprenait, George Storrs se dit qu’il ne
pouvait être un serviteur fidèle de Dieu s’il
demeurait au sein de l’Église méthodiste. Il rompit
avec elle en 1840 et déménagea à Albany, dans
l’État de New York.
Au printemps 1842, il donna une série de six conférences
en six semaines sur le thème : “ Les
méchants sont-ils immortels ? ” Il obtint
tellement de succès qu’il révisa ses discours pour
les publier ; au cours des 40 années suivantes,
200 000 exemplaires furent imprimés aux
États-Unis et en Grande-Bretagne. Storrs et Grew
collaborèrent dans des débats sur la doctrine de
l’immortalité de l’âme. Grew continua de
prêcher avec zèle jusqu’à sa mort, le
8 août 1862, à Philadelphie.
Peu de temps après avoir présenté ses six
conférences, Storrs s’intéressa à la
prédication de William Miller, qui annonçait le retour
visible de Christ pour 1843. Pendant environ deux ans, Storrs participa
activement à la prédication de ce message dans tout le
nord-est des États-Unis. Après 1844, il ne
s’aventura plus à fixer de date pour le retour du Christ,
mais il ne s’opposait pas à ce que d’autres
veuillent étudier la chronologie biblique. Il pensait que le
retour du Christ était proche et qu’il était
important pour les chrétiens de rester spirituellement
éveillés, prêts pour le jour de l’inspection.
Cependant, il cessa de fréquenter les partisans de Miller parce
qu’ils acceptaient des doctrines non bibliques, telles que
l’immortalité de l’âme, la destruction de la
terre par le feu et l’absence de toute espérance de vie
éternelle pour ceux qui mouraient dans l’ignorance.
Comment l’amour de Dieu se manifesterait-il ?
Storrs rejetait la conception adventiste selon laquelle Dieu
ressusciterait les méchants dans le seul but de les mettre de
nouveau à mort. Il ne trouvait dans les Écritures aucun
argument justifiant un acte de vengeance aussi inutile de la part de
Dieu. Lui et ses compagnons versèrent dans l’autre
extrême et conclurent que les méchants ne seraient pas
ressuscités du tout. En dépit des difficultés
qu’ils rencontraient pour expliquer certains passages qui avaient
trait à la résurrection des injustes, leur conclusion
leur semblait plus en harmonie avec l’amour de Dieu. Une
avancée supplémentaire dans la compréhension du
dessein de Dieu allait bientôt survenir.
En 1870, Storrs tomba gravement malade et ne put travailler pendant
plusieurs mois. Durant cette période, il eut l’occasion de
réexaminer tout ce qu’il avait découvert au cours
de ses 74 années, et il parvint à la conclusion
qu’il était passé à côté
d’un aspect essentiel du dessein de Dieu envers
l’humanité, que révélait l’alliance
abrahamique, à savoir que ‘ toutes les familles de la
terre se béniraient parce qu’Abraham avait
écouté la voix de Dieu ’. —
Genèse 22:18 ; Actes 3:25.
Cela lui inspira une nouvelle idée. Si “ toutes les
familles ” devaient être bénies, ne
devraient-elles pas toutes entendre la bonne nouvelle ? Mais
comment l’entendraient-elles ? Des millions d’entre
elles n’étaient-elles pas déjà mortes ?
Par un examen plus approfondi des Écritures, il arriva à
la conclusion qu’il y avait deux catégories de
“ méchants ”
décédés : ceux qui avaient
délibérément rejeté l’amour de Dieu,
et ceux qui étaient morts dans l’ignorance.
Ces derniers, en conclut Storrs, devraient donc être
relevés d’entre les morts pour avoir une chance de
bénéficier du sacrifice rédempteur de Christ
Jésus. Ceux qui l’accepteraient vivraient pour toujours
sur la terre, tandis que ceux qui le rejetteraient seraient
détruits. Storrs croyait ainsi que Dieu ne ressusciterait
personne qui n’ait l’espoir de vivre. En fin de compte,
aucun humain ne mourrait à cause du seul péché
d’Adam, à l’exception d’Adam lui-même.
Mais qu’en serait-il de ceux qui vivraient à
l’époque du retour du Seigneur Jésus Christ ?
Storrs comprit finalement qu’il serait nécessaire
d’entreprendre une campagne mondiale de prédication pour
les informer. Il n’avait pas la moindre idée de la
façon dont une telle campagne pourrait être
effectuée, mais il écrivit avec foi :
“ Trop de gens, lorsqu’ils ne voient pas comment une
chose pourrait se produire, en rejettent
l’éventualité, comme si elle était
impossible pour Dieu sous prétexte qu’elle l’est
pour eux. ”
George Storrs est mort en décembre 1879, à son
domicile de Brooklyn, situé à quelques rues seulement de
ce qui deviendrait plus tard le centre névralgique de la
campagne mondiale de prédication qu’il avait ardemment
pressentie.
Ils n’ont pas dissipé toutes les zones d’ombre
Des hommes tels que Henry Grew et George Storrs comprenaient-ils la
vérité aussi clairement que nous aujourd’hui ?
Non. Ils avaient conscience du combat qu’ils menaient, ce que
révèle cette déclaration de Storrs datant de
1847 : “ Nous ferions bien de nous rappeler que nous
venons tout juste d’émerger de l’âge des
ténèbres de l’Église, et il n’y aurait
rien de surprenant à découvrir que nous portons encore
quelques ‘ vêtements babyloniens ’ que nous
croyons être vérité. ” Henry Grew, par
exemple, attachait beaucoup de prix à la rançon fournie
par Jésus, mais il n’avait pas compris qu’il
s’agissait d’une “ rançon
correspondante ”, c’est-à-dire de la vie
humaine parfaite de Jésus donnée en échange de la
vie humaine parfaite perdue par Adam (1 Timothée 2:6). Il
croyait également à tort que Jésus reviendrait et
régnerait de manière visible sur la terre. Toutefois, il
se souciait réellement de la sanctification du nom de
Jéhovah, une question dont très peu de gens
s’étaient préoccupés depuis le
IIe siècle de notre ère.
George Storrs non plus n’avait pas une bonne compréhension
de certains points importants. Il était en mesure de discerner
des mensonges perpétrés par le clergé, mais il
donnait parfois dans l’autre extrême. Par exemple,
s’opposant manifestement d’une manière excessive
à la façon dont le clergé traditionnel
considérait Satan, il refusait l’idée que le Diable
fût une personne réelle. Il rejetait la Trinité, et
pourtant, peu de temps avant sa mort, il se demandait encore si
l’esprit saint était ou non une personne. Même
s’il s’attendait à ce que le retour de Christ soit
dans un premier temps invisible, il croyait que par la suite il y
aurait une apparition visible. Néanmoins, il semble que ces deux
hommes étaient sincères, et ils se sont approchés
beaucoup plus près de la vérité que bien
d’autres.
Le “ champ ” que Jésus mentionne dans la
parabole du blé et de la mauvaise herbe n’était pas
encore tout à fait prêt à être
moissonné (Matthieu 13:38). Grew, Storrs et d’autres
travaillaient dans le “ champ ” en
préparation pour la moisson.
Charles Russell, qui commença à publier le présent
périodique en 1879, écrivit au sujet de ses
premières années : “ Le Seigneur nous a
accordé de nombreuses aides dans l’étude de Sa
Parole, parmi lesquelles figure en bonne place notre bien-aimé
et vénérable frère George Storrs qui, par la
parole et par la plume, nous a été d’un grand
secours. Cependant, nous nous sommes toujours efforcés de ne pas
suivre des hommes, aussi bons et sages soient-ils, mais
d’être ‘ les imitateurs de Dieu, comme
étant ses enfants bien-aimés ’. ”
Ainsi, les étudiants sincères de la Bible ont pu
bénéficier des efforts d’hommes comme Grew ou
Storrs, mais il était toujours aussi important d’examiner
la Bible, la Parole de Dieu, comme la vraie source de la
vérité. — Jean 17:17.
Ce que croyait George Storrs
Jésus a offert sa vie en rançon pour l’humanité.
La prédication de la bonne nouvelle du Royaume n’a pas encore été accomplie (en 1871).
Pour cette raison, la fin ne peut être proche (en 1871). Il y
aura une période à venir, au cours de laquelle la
prédication sera effectuée.
Des humains hériteront de la vie éternelle sur la terre.
Il doit y avoir une résurrection de tous ceux qui sont morts
dans l’ignorance. Ceux qui accepteront le sacrifice
rédempteur de Christ recevront la vie éternelle sur la
terre. Ceux qui le rejetteront seront détruits.
L’immortalité de l’âme et l’enfer de feu
sont des doctrines erronées qui déshonorent Dieu.
Le Repas du Seigneur doit être célébré une fois par an, le 14 Nisan.
w00 15/10 p. 25-30
"Les sept temps prendront fin en 1914.” C’est ce que dit un
article spécial paru sous le titre “Les temps des Gentils:
quand arriveront-ils à leur terme?” Le texte était
de Charles T. Russell et fut publié à la
page 27 du mensuel “Le scrutateur de la Bible”,
Volume XXI, Numéro 1 — Nombre complet 313; date:
octobre 1876; adresse: 72 Hicks Street, Brooklyn, New York;
rédacteur en chef et éditeur: George Storrs. Ce
périodique cessa de paraître par suite de la grave maladie
de Storrs. La cessation de parution fut annoncée sous le titre
“Frère Geo. Storrs” dans le numéro de
janvier 1880 de La Tour de Garde et Messager de la Présence
de Christ (éd. angl.). Mais on ouvrit à Storrs les
colonnes de La Tour de Garde. Quelque temps après sa mort, un
article de sa main parut dans ce périodique en juin 1884
sous le titre “La Doctrine de l’Élection”
pm chap. 19 p. 335
UN JOUR, dans un train à destination de New York, un homme
ramassa par terre un tract qui affirmait que
‘ l’âme humaine est mortelle ’.
Intrigué, cet homme, un pasteur, se mit à le lire. Il
était très surpris, car il n’avait jamais eu le
moindre doute sur la doctrine de l’immortalité de
l’âme. À ce moment-là, il ne savait pas qui
était l’auteur du tract. Toujours est-il que le
raisonnement lui semblait convaincant et conforme aux Écritures,
et que tout l’incitait à creuser la question.
Ce pasteur s’appelait George Storrs. On était en 1837,
l’année même où Charles Darwin
commençait à recueillir dans son carnet les observations
qui constitueraient plus tard sa théorie de
l’évolution. Le monde d’alors était
attaché à la religion, et l’on croyait
généralement en Dieu. Beaucoup de gens lisaient la Bible,
qui faisait autorité.
Storrs apprit par la suite que le tract avait été
rédigé par Henry Grew, de Philadelphie (Pennsylvanie).
Grew adhérait fermement au principe selon lequel
“ l’Écriture [...] est son propre et meilleur
interprète ”. Avec d’autres, il étudiait
la Bible dans l’idée de conformer sa vie et ses
activités à son contenu. Les recherches auxquelles ils se
sont livrés ont fait sortir de l’ombre des
vérités bibliques éclatantes.
Stimulé par les écrits de Grew, Storrs se mit à
examiner attentivement ce que les Écritures disaient au sujet de
l’âme et à débattre de la question avec
d’autres pasteurs. Après cinq années de
vérifications minutieuses, Storrs décida de rendre public
le joyau de vérité biblique qu’il venait de
découvrir. Dans un premier temps, il se prépara en vue de
donner un sermon, un dimanche de 1842. Mais il jugea nécessaire,
pour faire le tour de la question, d’en donner quelques autres.
Au final, il prononça six sermons sur la mortalité de
l’âme humaine, qu’il publia ensuite sous le titre de
Six Sermons. Storrs confrontait chaque verset avec d’autres afin
de mettre au jour la vérité étincelante enfouie
sous les doctrines de la chrétienté, qui
discréditaient Dieu. (...)
Storrs ne rapprochait pas que les versets qui le confortaient dans son
opinion. Il prenait en compte le contexte de chaque verset ainsi que le
message biblique dans son intégralité. Si un verset
semblait contredire d’autres passages, il cherchait dans le reste
de la Bible une explication cohérente.
Au nombre de ceux qui se sont associés à George Storrs
figurait un jeune homme, qui dirigeait un groupe d’étude
de la Bible, à Pittsburgh (Pennsylvanie). Ce jeune homme
s’appelait Charles Russell. L’un de ses premiers articles
portant sur un thème biblique parut en 1876 dans la revue Bible Examiner, dirigée par Storrs.
Russell reconnut que certains étudiants de la Bible qui
l’avaient précédé avaient eu une influence
sur lui. Une fois devenu directeur du Phare de la Tour de Sion, il
exprima sa gratitude à Storrs pour toute l’aide
qu’il lui avait apportée, tant oralement que par
écrit.
w06 15/8 p. 12-15